Séminaire
Un matérialisme de la rencontre en questions
La pensée française du vivant au dix-huitième siècle est assaillie par le difforme et les monstres. Dans cette autre philosophie naturelle sans norme ni fin, qui refuse l'antagonisme entre mécanismes et vitalismes, le contenu le plus approché que l'on pourrait donner à l'idée de matière serait celui d'un équilibre métastable, né d'une mémoire élémentaire des particules ou " molécules ", disséminant des structures affinitaires dont les rencontres forment des unités aléatoires, relatives et provisoires. Si l'interrogation philosophique sur le statut du monstre est son point d'appui, elle s'étend à d'autres paradigmes, du biologique au politique. Lors des séminaires des années précédentes, nous avons tenté d'en explorer quelques aspects, en particulier dans l'œuvre de Diderot. Quelle conscience philosophique ne manifesterait pas sa stupéfaction face à l'alternative ainsi imposée : du côté de l'ontologie de la substance, plus il y a de permanence et de forme, plus il y a de savoir et de sens ; du côté d'une phénoménologie de l'événement, plus il y a d'accidentalité et de force, plus on risque la perte du savoir et du sens ? La force de l'événement, du singulier, du divers, n'est-elle pas l'idée d'un pouvoir qui s'exprime au travers d'un déficit de forme ? Un rendez-vous manqué et néanmoins saisissant, autour d'une commune métaphore, celle du jeu de dés, rendez-vous manqué entre les penseurs du vivant au temps des Lumières et les textes qu'Althusser écrivit autour des années 1980 nous incite à réfléchir à nouveaux frais à la signification du rôle du matérialisme dans cette problématique. La liste déconcertante que propose Althusser, réunissant à ses yeux les tenants du courant souterrain de la rencontre, peut-elle être, au moins partiellement, éclaircie ? Faut-il voir dans le " rien " althussérien l'écho du " rien " diderotien, l'un et l'autre régis par un seul transcendantal : la métamorphose ?
Un séminaire donné par Annie Ibrahim.
Un matérialisme de la rencontre en questions
La pensée française du vivant au dix-huitième siècle est assaillie par le difforme et les monstres. Dans cette autre philosophie naturelle sans norme ni fin, qui refuse l'antagonisme entre mécanismes et vitalismes, le contenu le plus approché que l'on pourrait donner à l'idée de matière serait celui d'un équilibre métastable, né d'une mémoire élémentaire des particules ou " molécules ", disséminant des structures affinitaires dont les rencontres forment des unités aléatoires, relatives et provisoires. Si l'interrogation philosophique sur le statut du monstre est son point d'appui, elle s'étend à d'autres paradigmes, du biologique au politique. Lors des séminaires des années précédentes, nous avons tenté d'en explorer quelques aspects, en particulier dans l'œuvre de Diderot. Quelle conscience philosophique ne manifesterait pas sa stupéfaction face à l'alternative ainsi imposée : du côté de l'ontologie de la substance, plus il y a de permanence et de forme, plus il y a de savoir et de sens ; du côté d'une phénoménologie de l'événement, plus il y a d'accidentalité et de force, plus on risque la perte du savoir et du sens ? La force de l'événement, du singulier, du divers, n'est-elle pas l'idée d'un pouvoir qui s'exprime au travers d'un déficit de forme ? Un rendez-vous manqué et néanmoins saisissant, autour d'une commune métaphore, celle du jeu de dés, rendez-vous manqué entre les penseurs du vivant au temps des Lumières et les textes qu'Althusser écrivit autour des années 1980 nous incite à réfléchir à nouveaux frais à la signification du rôle du matérialisme dans cette problématique. La liste déconcertante que propose Althusser, réunissant à ses yeux les tenants du courant souterrain de la rencontre, peut-elle être, au moins partiellement, éclaircie ? Faut-il voir dans le " rien " althussérien l'écho du " rien " diderotien, l'un et l'autre régis par un seul transcendantal : la métamorphose ?
Un séminaire donné par Annie Ibrahim.